« Chacun a sa propre liste et celle des autres apparaissent vite vaines etsentimentales. 

 L’autre jour j’ai lu une liste intitulée « Ce que j’aime ». 

 « La salade, la cannelle, le fromage, les piments, la pâte d’amandes, l’odeur du foin coupé (vous voulez poursuivre…), les roses, les pivoines, la lavande, le champagne, des positions légères en politique, Glenn Gould… » 

 La liste, qui est de Roland Barthes* continue, comme font les listes.  On est d’accord avec une chose, irrité par la suivante. 

 Après le « vin du Médoc » et « avoir la monnaie« , Barthes approuve « Bouvard et Pécuchet ».  D’accord, très bien, on continue. Qu’y a-t-il après ?  « Marcher en sandales, le soir sur les petites routes du Sud-Ouest. »  C’est assez pour vous faire aller dans le Sud-Ouest (…). »   

Julian Barnes, Le perroquet de Flaubert, 1984, trad. Jean Guiloineau, (c) Editions Stock 1986, in Mémoires d’Europe, anthologie des littératures européennes, Folio, 1993, ISBN 2-07-038700-3.

* Critique et sémiologue français (1915-1980). La liste « J’aime j’aime pas » est un des fragments qui composent le texte autobiographique « Roland Barthes par lui-même »