Suite de l’épisode 50…Quelques mois plus tard…

Elle est arrivée. Enfin !

Cela faisait déjà un moment qu’il avait lancé son S.O.S : elle est où ma Youki ?

Elle va naître, de nouveau, au bout du crayon d’encre et de couleur vermillon de Palmyre. C’est l’espoir qu’il balançait depuis des mois en pointe de son doigt d’injonction : je veux retrouver ma Youki !

C’est une rumeur qui se faufilait d’une boite d’aquarelle.

Mais ce n’est pas Youki…C’est Kiki qui est arrivée ce jour-là. 

Accroché à son fil de pêche cela fait plusieurs mois que le pantin de Foujita se languit de sa compagne.

Mais ce matin, n’est pas un matin comme tous les autres matins ; ce n’est pas un de ces matins d’avant avec ces regrets qu’il n’avait pas eu le temps de ranger dans l’armoire du passé sur l’étagère « surtout ne pas regretter ».

Ni un de ces matin chagrin chargé de ses espoirs non réalisés. Il n’avait pas eu le temps de refermer l’armoire de ses rêves, de toutes ces aquarelles nées dans son esprit en veille au fond de son atelier, ces traces de couleurs qu’il aurait tant aimé laisser glisser sur une feuille de papier.

Ce matin, les fruits du cognassier de chine tombaient sous le grand vent d’octobre et l’automne faisait voler les feuilles couleurs de feu, d’ocre et de terre. La nature retourne à la terre. 

Le temps passe,  les saisons, une deux, trois, bientôt quatre et toujours aucune trace de Kikou.

Elle est où ma Youki  ?

Mais ce matin, elle est arrivée. Qui , Youki ? non Kiki !

Le pantin de Foujita, droit comme un « i », ne fait pas le fier, il n’aime pas se balancer tout seul, dans les courants d’air… 

Youki est toujours introuvable, mais Kiki est arrivée.

Kiki est son amie, une muse, une espiègle, une drôlesse qui pétille de champagne et de fêtes.
Youki est toujours introuvable dans les carnets et les piles de papier, mais Kiki est bien là !

Allez Kiki sors de ton enveloppe et viens me rejoindre. 

Tu verras à deux on s’amusera, la vie peut être si belle.  Il suffit d’amis, d’un chat, de quelques attaches pour te redonner l’envie de bouger et d’un peu d’air pour nous faire voltiger comme avant, au temps du Montparnasse. 

N’aies pas peur du grand ciseau. Il danse autour de toi  dans une chorégraphie reptilienne  pour détacher tes membres gracieux. 

Adieu la silhouette de cacahuète, dans quelques instants tu auras retrouvé la dynamique  de ces bras longilignes qui aimaient tant se balancer au rythme du Charleston à la Coupole.  

Kiki mon amie,  il n’y as pas de bras de trop pour attraper le bonheur de nous retrouver.
Mais dis-moi tu as a vu ma Youki, ma chérie délicieuse volée au grand poète ?

Par-ci, par-là, je ne sais pas dans quelle direction la trouver.  Elle est où ma Youki ?

L’automne se déchaine. L’automne est nostalgie. La pluie, accroche ses confettis de joaillerie aux grandes fenêtres fermées sur le ciel, en retenue d’une parcelle de bleu. 

Pas très loin de notre farandole, regarde, ton cœur danse dans la lumière.

Peu importe le temps, le fil des saisons,  la pluie, le vent, le soleil, les aiguilles des horloges déréglées par les heures d’hiver et d’été,  les minutes volées, celles perdues, la nuit arrivée trop vite, nos compagnons partis au loin, peu importe le tout qui va trop vite, les riens que l’on laisse passer, tout ce qui nous a éloigné, car je sais que tu me reviendras comme au temps du Montparnasse. 

Alors  prends ton temps, nos bras grands ouverts ne sont pas impatients.  Youki, où est ma Youki ?
Ton coeur  dans la lumière est bien là. Il n’attend plus que toi.

Youki, nous ne sommes pas immobiles, nous attendons ton retour, bientôt peut-être ?